Linux things 🐧

un blog sur les technologies des logiciels libres et autres digressions


Des entreprises dans la Tech

Thu, 30 Jan 2025 20:26:50 +0100
# digression  

En 2025 nous avons un milliardaire qui critique sans honte une augmentation des impôts sur les entreprises et menace de délocaliser chez son copain Trump. Précisons que c’est une augmentation qui concerne les entreprises qui font plus de 3 milliards d’euros de Chiffre d’Affaires. Votre PME n’a rien à craindre et je suis sûr que vous voudriez être dans la cible de cette réforme ..
On peut douter que Arnaud s’apercoive au final d’une différence dans sa poche, mais il voudrait sans doute que ça soit les plus pauvres et la classe moyenne qui se saigne à sa place ?

Face aux attaques de Trump vers l’Europe pour inciter à délocaliser aux USA, les politiciens sont en mode panique et souhaitent relancer une Europe à bout de souffle. C’est l’occasion de faire un post sur l’écosystème des startups de la Tech.

En 1998 a été créé la startup Mandriva qui a édité le système d’exploitation Linux Mandrake renommé Mandriva.
Elle n’a obtenu aucun soutient de l’État ni de l’Europe alors que c’était une occasion unique de faire front face à l’éditeur Microsoft. En 2012 Mandriva a tiré le rideau.

En 2008 a été créé à Paris la société dotCloud par des français. Ils avaient développé une technologie pour leur besoin interne, qui permettait de facilement mettre des applications dans des conteneurs, plus légers, rapides et portables que des VM.
Ils ont rencontré des banquiers (et investisseurs ?) français mais aucun n’a souhaité financer leur projet, ni compris certainement.
Ils sont parti aux USA et ont monté la société Docker Inc qui a convaincu dès le départ et qui a révolutionné la Tech. Docker Inc pèse plusieurs milliards de $

En 2002 Musk fonde SpaceX. En 2008 après 3 années d’échecs et cramé presque tout son cash, son lanceur décolle cette fois-ci sans exploser. La NASA signe alors avec SpaceX un contrat en milliards pour utiliser ses lanceurs.

Imaginez-vous le CNES signer avec une startup ?
De leurs aveux ils n’ont pas vu venir SpaceX puis l’ont méprisé du haut de leur montagne de gens sérieux en cravate.. Quel crédit aurait ce gus qui vient du software ? (tiré d’un documentaire sur Arte).

En 2004 Musk rejoint la direction de Tesla puis en prend le contrôle en 2008 avec le succès que l’on connait. Encore un gus du software qui donne des leçons aux constructeurs historique…
Mais on pourrait aussi parler d’Apple qui a effacé les géants, l’Européen Nokia et le Canadien BlackBerry après 2007 (double head shot).

Deux salles Deux ambiances un résultat.

Récemment sur un réseau social quelqu’un se plaignait que les USA sont nos maîtres depuis la fin de la dernière guerre.
Mais ce sont nos maîtres parce qu’on le veut bien !

A qui s’adresse l’État lorsqu’il veut lancer des gros projets numérique ? Fait-il confiance à ses startups française prometteuses ? NON
Exemple lorsqu’il a voulu lancer un projet de Cloud souverain Il est allé voir les bons vieux groupes historique, qui en plus ont fondé 2 projets concurrents 🤡

Évidement ces 2 projets sont tombés à l’eau après avoir cramé quelques centaines de millions.. Orange et SFR récupérant les restes, au calme.

Quelle divergence fondamentale y a t-il entre la réussite factuelle Américaine et nos échecs ?

La C U L T U R E

  1. ils sont pragmatique
  2. ils ont la culture de l’Ingénierie
  3. la/le Tech est reconnu, recherché, valorisé, écouté
  4. car c’est elle/lui qui créé la VALEUR
  5. et payé en fonction de cela
  6. ils ont la culture de l’innovation et du risque

Mais pour comprendre cela il faut avoir soit même baigné dans cette culture.
Mais quelle serait celle de la France ?

Je me souviens avoir vu il y a quelques mois un documentaire d’un français parti au Canada dans le secteur de la finance. Il était arrivé comme salarié, puis avait monté sans difficulté les échellons grâce à ses compétences jusqu’à la tête de la société comme associé. On lui a demandé quelle différence il y avait entre la France et le Canada, réponse : “En France on fait de la politique

Une manière polie pour parler de la culture française

  1. rapport de force
  2. image personnelle
  3. management toxique
  4. culte de la hiérarchie
  5. stratifications nombreuse et néfaste entre la direction et la base
  6. culte du management, voir du micro-management
  7. silos
  8. KPI, tracabilité (ITIL lol)
  9. bureaucratie
  10. inertie
  11. conservatisme
  12. culte du diplôme
  13. culte du risque zéro (tant que ça marche faut pas toucher)
  14. les “managers” sont en réalité des supérieurs hiérarchique (chef)

Souvent plusieurs morceaux sont présents, au pire tous.

J’ai un contact qui a officié comme manager dans un GAFAM. Concernant les managers en France il dit : “Tu as eu des responsables hiérarchiques. Pas un manager qui est là pour t’aider à t’épanouir tout en atteignant les objectifs de la société.” La différence de culture est flagrante.

On peut ajouter le décideur qui choisit systématiquement le leader d’une solution technique même si elle n’est pas la plus adapté au besoin. Car en cas de soucis on ne pourra rien lui reprocher, Il a pris le leader..
Ou lorsqu’il est incapable de poser des priorités et fait semblant de ne pas comprendre que lorsque tout est prioritaire rien ne l’est.
Ou quand je prends le salaire sans les responsabilités qui vont avec. Mais peut être qu’il souhaite se protéger de peur que sa hiérarchie lui reproche d’avoir pris des risques ? Culture du zéro risque et de l’intérêt personnel.

Des posts sur Linkedin dénoncent régulièrement la promotion vers des postes de management sans formation aucune, sans avoir les bases indispensables. Et c’est comme ça qu’un lambda atteint son niveau d’incompétence (Principe de Peter) et vient pourrir un service ou une boite.

En France comme il n’y a pas de reconnaissance de la technique le seul moyen de monter en salaire est de devenir manager. Aux US il est courant qu’un tech gagne plus que son manager, en France c’est impensable.

Voir les vidéos et le livre de Nicolas Framont, “Vous ne détestez pas le lundi, vous détestez la domination au travail”.

C’est comme ça que des TPE/PME se retrouvent à mettre en place et maintenir une infra Kubernetes chez AWS pour un simple site Ecommerce alors qu’une solution PaaS chez Clever Cloud ou Scalingo font le job en quelques clics.
“Oui mais on fait l’État de l’Art ☝️”

Sur Linkedin quelqu’un a parlé d’une méthode pour augmenter la productivité des entreprises de 65% mais demandait pourquoi si peu d’entreprises l’appliquent ?. En gros la méthode est de laisser 3 jours par semaine aux ingénieurs sans interruption (pas d’urgence mineur, pas de réunion : ils bossent). Voici une des réponses posté qui résume à mon sens tout

La question est surtout de savoir qui organise les réunions et pourquoi? Trop souvent les réunions sont organisées par des mid-managers qui vont interroger les “faiseux” (comprendre: tout personnel en charge de produire quelque chose de concret) afin d’alimenter un reporting qu’ils pourront consolider (comprendre : interpréter à leur avantage personnel) avant de transmettre à des directeurs qui utiliseront ces données pour prendre des décisions biaisées de facto.
D’autres réunions s’en suivront pour permettre aux mid-managers de redescendre ces décisions biaisées dans les équipes de faiseux. Bref, le bon vieux management pyramidal de la grande majorité des organisations.

La majorité ? surement mais pas toutes. Cherchez l’étonnante société Tiime qui a mis en place en 2017 5 pilliers (disruptifs) qui définissent sa culture (Et 32 millions de CA 😎 ).

  1. Pas de hiérarchie / pas de chef
  2. Flexibilité des horaires
  3. Flexibilité des absences / congés
  4. Choix dans le lieu de travail
  5. Choix du salaire

Évidemment il y a une mise en oeuvre qui nécessite sur certaines demandes l’aval d’un pair, voir les vidéos de Amélie Schieber

Alors on peut mettre tout l’argent qu’on veut, tant que l’Europe et la France ne feront pas confiance à leurs espoirs au profit des vieux mamouth (ou des potes), tant que cette culture néfaste perdurera, cela n’aboutira à rien.

Ne parlons même pas du CIR censé financer la R&D qui est siphonné par des grands groupes par des projets bullshits. L’innovation vient des petits qui n’ont pas peur de prendre des risques, qui sont agiles et moderne dans leurs méthodes de travail.
Ils finissent le plus souvent avalé pour une bouché de pain par des groupes qui ont fait miroiter des contrats…

La Tech c’est des centaines de milliards de $ qui partent en flux continu vers les USA, et des milliers d’emplois directs et indirects qui s’expatrie ou qui ne sont pas créés, car l’Europe et la France se sont vassalisés par lacheté, je m’en foutisme, et désintérêt de la part des politiques et patrons qui sont resté sur une vision industrielle et RH des années 50.

(Ce texte a été écrit avec VNote)